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Saint Ex, new born christian?

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Antoine_de_Saint-Exupéry.jpgJe n’avais rien lu de Saint Ex, sinon peut-être le Petit Prince, conte ressassé depuis l’enfance.

Et voila que le hasard me fait tomber sur une pépite «Pilote de Guerre». Drôle de livre pour une drôle de guerre (39/40). Saint Ex, met sa vie en jeu dans son petit coucou à peine armé pour faire la guerre. C’est une langue superbe et des pensées de référence. Pourtant, le cheminement dialectique ne m’a pas convaincu.

Pilote de guerre. L’expérience de l’absurde. Drôle de guerre, guerre elle même absurde «Oui mais la guerre est aussi détraquée» (page 14). Lorsque la guerre est la, que tout se délite, lorsque le sens s’enfuit, se dissout, dans l’entropie et le chaos, il ne reste que le geste mécanique de l’homme mécanique, comme une roue qui tourne à vide alors que le véhicule est retourné "cul par dessus tête". L’homme y trouve une forme de paix intérieure  «Ce sont les soucis de la maison, les petits devoirs de la journée qui enlèvent le goût de vieillir» (page 18). Pour Saint Ex, c’est Dieu qui a déserté, ou plutôt la foi en Dieu, «pour le moment, je suis tout semblable au chrétien que la grâce a abandonné» (page 17). Alors, l’homme est seul, s’engloutit dans le geste pour ne plus comprendre le système qui se désagrège. L’Intelligence est toujours la, manque l’Esprit, qui seul peut saisir, comprendre. Alors qu’il fait l’expérience de la mort, au plus prêt du tir des canons sur son frêle esquif aérien, éclôt la grâce. Dans la figure de son camarade, Hochedé, Saint Ex retrouve la foi,   chrétienne, civilisatrice, «Une civilisation est un héritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siècles, difficiles parfois à justifier par la logique, mais qui se justifient d’elles-mêmes, comme des chemins, s’ils conduisent quelque part, puisqu’elles ouvrent à l’homme son étendue intérieure» (page 105). Il est à nouveau prêt pour le sacrifice «Mais fallait-t-il que la France, pour s’épargner une défaite, refusât la guerre? Je ne le crois pas. La France, d’instinct, jugeait de même, puisque de tels avertissements ne l’on point détournée de cette guerre. L’Esprit, chez nous, a dominé l'Intelligence» (page 138).  Convocation, des mots qui transcendent et qui tuent, Nation, Liberté, Egalité, Humanité, Charité, Foi, l’Homme au dessus et par delà l’homme, Cathédrale plus que pierre, il est prêt à se battre. «Et voici qu’il me semble parvenir au terme d’un long pèlerinage. Je ne découvre rien, mais, comme au sortir du sommeil, je revois simplement ce que je ne regardais plus» (page 221), «Ma civilisation repose sur le culte de l’Homme au travers des individus», « Ma civilisation est héritière des valeurs chrétiennes» (page 224). Universalisme contre individualisme, Civilisation de l’Homme, contre civilisation de l’Etat et de la Masse. Soit.

J’ai trouvé très belles et si lucides les pages sur l’absurde et si atroces (car belles de la beauté du poète) les pages sur le Sacrifice. Comment ne pas être en accord (si on est humaniste) avec ces mots «Je crois que le culte de l’Universel exalte et noue les richesses particulières et fonde le seul ordre véritable, lequel est celui de la vie», ces valeurs d’Egalité, Liberté et de fraternité (qu’il nomme charité). Mais faut-il qu’elles justifient l'innommable? Combien faudra-t-il de luttes encore pour que l’atroce cesse et soit justifié par l’épique?

 


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